Mr X est un court-métrage réalisé par Rogue Films et dirigé par Alex Nicholson, sorti en 2013. Cette vidéo a marqué les esprits pour deux raisons. La première tient à sa prouesse technique : deux ans après la célèbre campagne de Zombie Boy avec les cosmétiques Dermablend, Mr X pousse plus loin l’expérience visuelle en animant avec poésie les tatouages de Duncan, transformant sa peau en un terrain d’expression artistique vivant. La seconde raison, c’est Mr X lui-même : Duncan, tatoueur emblématique du style black trad, figure culte au sein de la scène britannique. Charismatique, intense, il incarne un passé sulfureux et une esthétique radicale qui fascine.
Texte : Alexandra Bay – Article publié sur Jeter L’encre

Mr X, portrait vidéo d’un personnage énigmatique
Réalisée en 2013 par Alex Nicholson pour Rogue Films, Mr X est bien plus qu’un simple court-métrage. C’est un portrait sensible et percutant du tatoueur Duncan X, figure charismatique du tatouage black trad anglais. La vidéo s’ouvre sur une image déroutante : un Mr X vierge d’encre, la peau nue. En fond, les notes mélancoliques d’un piano accompagnent une confession intime. Tandis que ses mots s’égrènent, ses tatouages apparaissent, un à un, comme s’ils surgissaient directement de ses souvenirs. Son corps devient un récit animé.
« Murderer, murderer« , murmure Duncan, évoquant un accident de jeunesse : un enfant qu’il a renversé en voiture. Des semaines plus tard, la nouvelle tombe – l’enfant a survécu, les jambes cassées, mais il s’en sortira.

Le tatouage comme mémoire vivante
Duncan ne cherche pas à lisser son passé. Il l’assume pleinement. Son franc-parler détonne. Il ne regrette pas les périodes sombres de sa vie, ni ce qu’il a pu faire. Ces moments sont encrés dans sa peau. Le « H » tatoué sur son menton ? Une référence directe à l’héroïne qu’il a consommée un temps. Pour lui, le tatouage est une surface à gratter : il révèle l’identité profonde de celui ou celle qui le porte. À condition que la démarche soit sincère. Et s’il prend son rôle de tatoueur au sérieux, il insiste aussi sur l’importance de l’humour, du recul, et surtout du lien humain.
Je vous aiderais si vous avez des ennuis, et je ne serais pas la cause de ces ennuis… à moins que vous n’ayez commencé.
Duncan
Un flash dans les yeux, un déclic sous la peau
Quand on lui demande son premier souvenir de tatouage, Duncan avoue que la drogue a un peu brouillé sa mémoire… Il pense avoir vu son premier vrai tatouage à 21 ans, peut-être à Glastonbury. Un gamin de 11 ans avec une étoile sur le bras. Il commence alors à tatouer au flash, dans la plus pure tradition. Très vite, il fait le choix du noir et blanc, radical, brut, assumé. Dans la vidéo, l’encre bleue semble s’évaporer de sa peau, comme un écho au temps qui passe. Duncan aime la patine du temps, l’effet de vieillissement, les nuances bleuâtres que prennent les tatouages des vieux taulards ou des marins.
Je voulais que mes tatouages ressemblent à ceux que je voyais sur les vieilles photos de marins ou de criminels. Et dans mon souvenir, ils étaient tous noirs.
Duncan

Duncan, l’homme derrière Mr X
Tatoueur influent, à la fois intense et profondément humain, Duncan incarne une vision authentique et radicale du tatouage. Son style, son vécu, son approche ont marqué toute une génération de tatoueurs et de tatoué·es. Mr X n’est pas qu’un film : c’est une immersion dans la chair, la mémoire, et la philosophie d’un artiste hors-norme.
À découvrir absolument.
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