Les Mentawai ont besoin de vous !

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rédigé par Alexandra Bay

18 octobre 2018

Les Mentawai ont besoin de vous ! Stef Ness a lancé une cagnotte. Son souhait est de financer et d’acheminer des projecteurs solaires à la tribu des Mentawai. Les hommes fleurs vivent sur l’île de Pulau Siberut, au large de l’Indonésie. C’est l’environnement idéal pour stocker la lumière du soleil et illuminer les Uma, leurs maisons communautaires. Ainsi, la tribu des chasseurs-cueilleurs pourrait vivre réellement en autarcie, sans utiliser l’énergie fossile de nos sociétés modernes…

Texte : @Alexandra Bay

Perceur depuis 20 ans, Stef Ness a toujours rêvé de rencontrer les dernières tribus de ce monde. Ces peuples qualifiés de primitifs et qui pourtant, vivent en parfaite harmonie avec la nature. Après une période difficile, il s’est lancé dans l’aventure. Ainsi, il a crapahuté dans les endroits les plus reculés de notre planète. Il s’est soigné l’âme au contact d’hommes et de femmes qui ont fait le berceau de notre humanité — disparue. Après la tribu Iban de Bornéo, le Strasbourgeois a rencontré les Mentawai, au large de l’Indonésie. Il a vécu une expérience si forte avec les hommes fleurs qu’il revient en novembre prochain. Son rêve ? Il souhaite leur apporter la lumière grâce aux panneaux solaires.

Alexandra Bay : Pourrais-tu me parler de ton parcours en tant que personne tatouée ?

Stef Ness : J’ai commencé en 1991. J’ai été marqué par la rencontre de mon oncle, marginal de son état, entièrement tatoué. Il était rejeté par la famille ainsi que cette société. C’est alors devenu une quête, une envie de prouver au monde qu’un tatoué n’est pas un extraterrestre. Collégien, mon côté punk en rébellion était né. Le cap de l’encrage ne s’est pas trop fait attendre.

Lors de l’un de mes premiers concerts, quelques mois plus tard, j’ai décidé de me faire tatouer un petit requin. Il mesurait 3 cm sur 2 cm et était placé sur le haut de mon bras. L’histoire se poursuit et évolue. J’ai toujours autant envie de me faire encrer la peau et de rencontrer des tatoueurs. Ils vont devenir peu à peu des amis. En 1999, je suis rentrée dans la sphère du tatouage. J’ai travaillé chez Primitive Abstract, et appris toutes les bases du piercing.

De nombreux secrets entourent encore cette tribu. Elle ne possède aucun écrit ni manuel sur son passé, vieux de plus de 3 000 ans. Le sikerei, chaman de la tribu, ainsi que les 500 derniers membres de cette culture en déclin, restent prudents.

Stef Ness

A.B. : Qu’est-ce qui t’a motivé à partir en excursion sur l’île de Pulau Siberut ?

Stef Ness : En 2013, à l’âge de 36 ans, après une grosse dépression, j’ai eu envie de voyager. Et rencontrer les tribus de ce monde faisait partie de mes rêves. C’est tout naturellement que j’ai effectué mon premier périple à Bornéo. Dans la jungle, j’ai vécu en autarcie avec la tribu Iban, une ethnie du groupe des Dayaks, et rencontré de nombreux tatoueurs. Grâce à des rencontres et à mes voyages annuels en Asie du Sud, j’ai eu la chance de découvrir la tribu des Mentawai en 2017.

Femme du village Katorai sur l’île Siberut (Mentawai tribu).

A.B. : Pourrais-tu me raconter l’histoire de la tribu des Mentawai et ce qui la rend unique ?

Stef Ness : De nombreux secrets entourent encore cette tribu. Elle ne possède aucun écrit ni manuel sur son passé, vieux de plus de 3 000 ans. Le sikerei, chaman de la tribu, ainsi que les 500 derniers membres de cette culture en déclin, restent prudents. Ils hésitent à partager leurs traditions avec un homme blanc. Ce visiteur est perçu comme une menace potentielle pour leur survie. Les langues se délient peu à peu. Un jour, les traces écrites deviendront cruciales car le peuple Mentawai doit défendre ses droits. En effet, il doit protéger ses terres et sa culture auprès des autorités internationales. Il s’agit de préserver un patrimoine culturel face à la pression croissante de la mondialisation et de l’industrie.

Ce n’est ni une société patriarcale, ni matriarcale, ni dirigée par un chef. C’est une tribu où chaque homme, femme et enfant a son propre rôle à jouer. La tribu évolue au jour le jour sur les conseils des chamans. Ils vivent de la cueillette et de la chasse grâce à la nature qui les entoure.

Stef Ness

A.B. : Comment as-tu réussi à communiquer avec les membres de la tribu ? As-tu rencontré des difficultés particulières ?

Stef Ness : Ce n’était pas très simple d’apprendre le mentawai puisqu’il n’existe aucun dictionnaire à ce jour. Mais mon guide Mentawai Esmat parlait anglais et il m’a beaucoup aidé dans les échanges. J’ai également remarqué que le langage n’était pas une barrière lors de mes longues conversations avec les vieux chamans. Que ce soit par les mains, les signes ou les dessins dans le sable, j’ai utilisé diverses méthodes pour communiquer. Les tatouages ont aussi été un moyen important d’expression, me permettant de transmettre des messages et des émotions.

A.B. : Qu’est-ce qui t’a le plus touché ou surpris durant ton séjour au sein de cette tribu ?

Stef Ness : J’ai rencontré quelques tribus et celle des Mentawai m’a particulièrement impressionné par son mode de vie. Ce n’est ni une société patriarcale, ni matriarcale, ni dirigée par un chef. C’est une tribu où chaque homme, femme et enfant a son propre rôle à jouer. La tribu évolue au jour le jour sur les conseils des chamans. Ils vivent de la cueillette et de la chasse grâce à la nature qui les entoure. D’ailleurs, la consommation de la viande n’est pas une habitude quotidienne pour les Mentawai.

Le premier jour, j’ai accepté l’invitation des chamans à la cérémonie d’inauguration de la nouvelle Uma, maison traditionnelle mentawai. La cérémonie a duré de longues heures sans interruption, dans ce lieu de vie où toute la communauté vit ensemble.

Stef Ness

Les cérémonies sont des occasions d’en consommer et si l’on s’en délecte, c’est grâce aux chamans. En effet, ils ont besoin de lire dans les entrailles de l’animal pour connaître le futur de la tribu. Avant de tuer la bête, on passe des heures à l’attraper dans une jungle hostile sans la blesser.
Une fois capturée, la cérémonie de remerciements honore l’esprit de l’animal, suivie de rites pour l’apaiser.

A.B. : As-tu eu l’occasion de participer à certains rituels traditionnels pendant ton séjour ?

Stef Ness : Le premier jour, j’ai accepté l’invitation des chamans à la cérémonie d’inauguration de la nouvelle Uma, maison traditionnelle mentawai. La cérémonie a duré de longues heures sans interruption, dans ce lieu de vie où toute la communauté vit ensemble. Les chamans chantaient, préparaient des potions et se déplaçaient autour de la tribu pendant toute cette période. Il a fallu près de 40 heures sans interruption — jour et nuit — pour participer aux danses et partager les soupes. Les tripes préparées après chaque sacrifice ont révélé un avenir de bon augure, après l’approbation des esprits. Ce fut une expérience fatigante et éprouvante, mais exceptionnellement marquante.

Ancien chasseur cueilleur Mentawai @Stef Ness

A.B. : Dans quelles conditions s’est déroulé ton séjour sur place ? As-tu dû t’adapter à un mode de vie très différent ?

Stef Ness : Les conditions étaient très spartiates et difficiles. À Pulau Siberut, mon quotidien était marqué par la chaleur, l’humidité, les piqûres de mouches et de moustiques. Cependant, rien de tout cela n’était insurmontable pour moi. Le peuple des hommes fleurs s’accommode simplement de ce qui l’entoure, ainsi que des conditions difficiles. Aussi, on oublie les désagréments face à leur façon saine de vivre avec la nature. C’est aussi un bon moyen de faire un régime forcé. En effet, j’ai constaté une perte de poids, pas moins de 8 kilos en 7 jours.

Actuellement, les Mentawai sont dépendants du pétrole des industries. Cette énergie fossile payante et polluante est surtout inflammable. Elle peut causer à chaque instant la destruction de leur habitat de bois. Et les autorités locales en profitent pour les exproprier.

Stef Ness

A.B. : Comment les membres de la tribu ont-ils réagi en découvrant tes tatouages ?

Stef Ness : En général, les tribus se sentent tout de suite plus proches d’un visiteur tatoué. C’est un bon moyen de débuter une relation ou une discussion surtout avec les anciens. Ils sont aussi impressionnés par nos tatouages qu’on peut l’être en les voyant.

Je repars le 29 novembre prochain, chargé du matériel que je leur apporterai personnellement. « Aidez les hommes fleurs ! » Participez ! De 1 € à plus, tout le monde est la bienvenue ! » https://www.leetchi.com/c/appel-pour-eclairer-la-tribu-mentawai

Stef Ness

A.B. : Quel est l’objectif de ta collecte et comment servira-t-elle concrètement à soutenir ton projet ?

Stef Ness : Le but de cette action est d’acheminer au moins une dizaine de projecteurs solaires pour illuminer chaque Uma. C’est une habitation commune qui abrite entre 5 à 10 personnes. Nous souhaiterions apporter ce matériel pour que ce peuple exceptionnel perdure. En effet, actuellement, les Mentawai sont dépendants du pétrole des industries. Cette énergie fossile payante et polluante est surtout inflammable. Elle peut causer à chaque instant la destruction de leur habitat de bois. Et les autorités locales en profitent pour les exproprier.

A.B. : As-tu déjà prévu une date pour repartir là-bas ?

Stef Ness : Je repars le 29 novembre prochain, chargé du matériel que je leur apporterai personnellement. « Aidez les hommes fleurs ! » Participez ! De 1 € à plus, tout le monde est la bienvenue ! » https://www.leetchi.com/c/appel-pour-eclairer-la-tribu-mentawai

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