Se faire tatouer le cartilage de l’oreille

Le cartilage de l’oreille se pare d’encre. Tels des bijoux, les motifs floraux rehaussent l’organe en complément des boucles d’oreilles habituelles. L’expression d’une passion plus tribale donne des formes géométriques noires, qui contrastent avec les arrondis et creux de la conque et de l’hélix. Le handpoke est la méthode douce requise pour assurer un travail minutieux sur cette partie tout en relief. On vous présente le travail d’orfèvre de la jeune tatoueuse Andgy Sloan (@andgy_sloan).

Instagram : @andgy_sloan
Email : contact.andgy.sloan@gmail.com

Alexandra Bay : bonjour Andgy, raconte-nous ton parcours ?

Andgy Sloan : j’ai été attirée très tôt par le milieu du tatouage et du piercing. Je ne pensais pas avoir la patience, le talent suffisant et l’opportunité de pouvoir en faire partie un jour. Par chance, j’ai trouvé un apprentissage en piercing puis un job de shop-assistant et j’ai poursuivi avec un apprentissage à la machine. Simplement avec cette technique, je ne retrouvais pas le côté manuel et organique du piercing en free hand (sans pince, juste la peau, la « needle blade » — aiguille — et le bijou). C’est pour cela que je me suis réorientée vers le handpoke (technique à l’aiguille).

A.B. : depuis combien d’années, exerces-tu le métier ?

A.S. : j’exerce le métier de tatoueuse depuis un peu plus de 2 ans et demi. Avant cela, j’ai percé durant 1 an et demi.

Instagram : @andgy_sloan

A.B. : comment décrirais-tu ton style de tattoo ?

A.S. : je n’ai pas de style très défini, car je suis quelqu’un de curieux et de très versatile. J’aime expérimenter, combiner plusieurs styles et en découvrir de nouveaux. Néanmoins, mes styles de prédilection sont le linework, le blackwork & le floral.

A.B. : quelle est la difficulté technique de cette zone corporelle ?

A.S. : la peau est très fine et très vascularisée à cet endroit, donc il faut s’attendre à plus de saignements. Il faut aussi faire très attention à la fuse (NDLR – Sous un tracé ou au bord d’un remplissage, après une pique trop profonde, l’encre s’étale et crée un léger halo bleuté inesthétique). De mon point de vue, le handpoke est la technique la plus adaptée. La profondeur de pique est plus simple à gérer. On a moins de problèmes à manœuvrer son outil entre les replis et les bosses, alors que la machine pèse plus lourd et vibre.

Instagram : @andgy_sloan

A.B. : sur une échelle de 1 à 10, quel est le niveau de douleur ?

A.S. : tout dépend de la sensibilité de la personne sous mes aiguilles, mais ça reste largement supportable. J’ai régulièrement des personnes qui s’endorment pendant la séance. Apparemment, c’est assez relaxant ! Évidemment, si on part sur une longue séance de remplissage, c’est un peu moins agréable, surtout sur la fin ah ah !

A.B. : est-ce que le cartilage situé à cet endroit renforce la douleur ?

A.S. : si on pique comme il faut, on ne va pas jusqu’au cartilage. On reste vraiment en surface de la peau, donc je dirais que ce n’est pas un problème. En revanche, pour avoir subi l’expérience de la machine sur mes propres oreilles, je peux garantir que ça accroche beaucoup et que c’est très douloureux.

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A.B. : est-ce que la cicatrisation est moins « violente » au handpoke qu’à la machine ?

A.S. : en effet, la cicatrisation comme la séance se passent mieux au handpoke. La peau est moins lésée. Il y a donc moins de croûtes qui peuvent potentiellement s’arracher et faire des trous dans le motif. Il y a aussi moins de risques de fuser.

A.B. : quels soins particuliers préconises-tu ?

A.S. : On nettoie au savon pH neutre et on hydrate avec une crème spéciale pour le « tattoo » ou une huile végétale durant 3 semaines environ. Niveau précautions particulières, pendant la cicatrisation, c’est mieux d’attacher ses cheveux longs et de changer sa taie d’oreille régulièrement. Après la cicatrisation, il faut toujours faire très attention au soleil, car cette zone y est très exposée. Le soleil peut faire pâlir les motifs. Un petit coup d’indice 50 renouvelé régulièrement ne fait jamais de mal !

Instagram : @andgy_sloan

A.B. : est-ce qu’il y a un motif idéal à tatouer sur cette zone ?

A.S. : il n’y a pas UN motif idéal, car il faut composer avec l’envie des client(e)s et leur morphologie. Chaque personne a des oreilles uniques. De plus, le corps humain n’est absolument pas symétrique. On peut se retrouver avec une certaine anatomie à droite et complètement différente à gauche. Il faut constamment s’adapter pour créer une composition harmonieuse. C’est ce que j’adore avec cette zone. C’est pour ça que je demande toujours des photos de l’oreille – ou des oreilles – à tatouer avant de valider le projet, mon iPad en est rempli d’ailleurs !

A.B. : quel style de motif aimes-tu tatouer sur les oreilles ?

A.S. : j’aime beaucoup le style linework, assez intuitif. Il permet de mettre en valeur et d’orner l’oreille, peu importe le genre de la personne qui le porte. J’aime aussi les gros aplats de noir, parfois agrémentés de motifs en « négatif ». Je trouve que c’est très efficace et impactant d’un point de vue visuel.

Instagram : @andgy_sloan

A.B. : et ailleurs sur la peau ?

A.S. : j’aime aussi le linework ! Jouer avec les courbes et les creux du corps, mettre en valeur telle zone ou éloigner l’attention de telle autre, est pour moi une démarche assez naturelle. Il y a quelque chose de très gratifiant à faire ça en technique free hand (NDLR – à main levée sur la peau) et au handpoke. Comme la fois où j’ai terminé un très gros projet partant du poignet de ma cliente jusqu’à sa cheville en passant par les côtes, en 30 heures !

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Alexandra Bay

+++ Auteure de LOVE, TATTOOS & FAMILY, (ISBN : 2916753214) +++ Co-Fondatrice de FREE HANDS FANZINE +++ TATTOW STORIES +++