L’histoire du tatouage en Espagne

En Espagne, le tatouage fait son apparition dans les textes médiévaux. C’est, au choix, un signe religieux, nobiliaire ou d’hérésie. Au 15e siècle, durant la conquête de la nouvelle Espagne, Bernal Del Castillo choisit le mot « taraceo » pour décrire les tatouages des natifs « mexicains ». Au début du 20e siècle, il devient une marque carcérale. Inspiré par A. Lacassagne, Rafael Salillas mène une étude sur le tatouage dans les prisons de la péninsule ibérique. Il publie « El tatuage ».

En Espagne, le tatouage est alors réservé aux marins et aux militaires. En 1980, il prend des couleurs avec la movida madrileña. Après une longue période franquiste, le tatouage se transforme en liberté d’être « soi ». Durant la même année, Mao et Cathy ouvrent un atelier de tatouage dans leur maison d’Ibiza, à Santa Eulalia del Río. C’est la première boutique officielle connue en Espagne.

Texte : Alexandra Bay

Étymologie du mot « tatuaje »

L’actuel « tatuaje » n’est pas le premier mot utilisé pour parler du « tatouage » dans les écrits espagnols. L’anthropologue madrilène Víctor J. Monserrat cite le conquistador Bernal Díaz del Castillo (1492-1584). Dans « Historia verdadera de la Nueva España », Bernal décrit les tatouages observés sur les natifs mexicains. Il utilise le mot « se taraceaban » la piel, « ils ont incrusté la peau ».

Le code du Siete Partidas réserve la marque à l’usage des chevaliers. C’est un privilège castillan nobiliaire.

Víctor conclut en expliquant que « le verbe taracear peut se traduire par embellir avec une incrustation, terme avec lequel l’acte d’accomplir un tatouage ou un taraceo a été fréquemment identifié » dans les anciens écrits. C’est une comparaison poétique pour une pratique considérée comme hérétique. Víctor J. Monserrat précise que le mot castillan « tatuaje » découle du mot français « tatouage ». En 1908, le criminaliste Rafael Sallilas publie une étude sur le tatouage carcéral.

En procédant à des recherches sur les écrits du Madrilène, j’ai découvert que son manuscrit est intitulé « El Tatuage », avec un « g ».On ressent clairement l’influence française sur l’étymologie du mot actuel « tatuaje ». Il est dommage que la réédition papier de son étude n’ait pas conservé le titre original. Le mot « tatuaje » est reconnu en 1914 par la « Real Academia Española ». Il est définitivement intégré dans le dictionnaire de la langue espagnole.

Siete Partidas, code législatif du XIIIe siècle

Le tatouage fait son apparition dans le « Siete Partidas ». De 1252 à 1284, Alphonse X est roi de Castille et de Léon. On l’appelle aussi Alphonse le sage. L’homme est un érudit. Il rédige un corpus législatif pour uniformiser la loi au sein de ses royaumes. Il écrit le codex « Siete Partidas » entre 1256 et 1265. Ce document servira longtemps de référence en Castille, en Espagne et en Amérique hispanique.

Víctor J. Monserrat relève la citation suivante (Ley XXI, tit. XXI, Partida II) : « los señalaban en los brazos diestros con fierros calientes de señal, que ninguno otro ome lo avia de traer si non ellos » qu’on pourrait traduire par « Ils indiquaient un signe sur le bras droit avec les fers chauds, que nul autre homme ne porterait sinon eux. » Le code du Siete Partidas réserve la marque à l’usage des chevaliers. C’est un privilège castillan nobiliaire.

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Alexandra Bay

+++ Auteure de LOVE, TATTOOS & FAMILY, (ISBN : 2916753214) +++ Co-Fondatrice de FREE HANDS FANZINE +++ TATTOW STORIES +++